Distillerie Depaz
La distillerie Depaz est sans aucun doute une des plus belles rhumeries de la Martinique. Installée dans un cadre somptueux, au pied de la montagne Pelée, elle fut totalement détruite lors de l'éruption du 8 mai 1902, avant d'être magnifiquement reconstruite par Victor Depaz et ses descendants. Aujourd'hui une visite très didactique permet d'en découvrir tous les trésors.
Une des plus anciennes habitations de Martinique
Car Depaz, plus qu'une distillerie, est avant tout une des plus anciennes Habitations de Martinique, avec sa maison de maître, ses hectares de canne à sucre, et tous les bâtiments de production nécessaires à la distillation. Mieux, elle est une des rares à avoir conservé intacte son réseau d'alimentation hydraulique, et continue encore aujourd'hui à puiser une partie de son énergie dans la Roxelane. Une rivière qui dévale les pentes du Mont Pelé, et dont l'eau réputée pour sa pureté, est aussi depuis toujours un des ingrédients essentiels des rhums produits ici.
D'ailleurs, comme pour en rappeler l'importance, plutôt que de commencer par la distillerie elle même, la visite débute par un petit détour vers une impressionnante roue à aubes. Alimentée par une eau sous pression arrivant jusqu'ici par un petit canal en provenance du barrage que fit édifier Victor Depaz en 1920 sur la Roxelane, elle fournit pendant longtemps l'énergie nécessaire à la distillerie, avant d'être remplacée dans cet usage par des machines à vapeur.
Découverte du domaine et du processus de distillation du rhum
Juste à côté, une table d'orientation permet d'identifier les bâtiments de l'Habitation et de prendre toute la mesure du site. Face à vous, les flancs de la montagne et tout au bout d'un grand parc, la maison de maître. Ici un véritable château. A gauche, les champs de canne, à droite la distillerie, et derrière les scintillements de la mer caraïbe. Magique ! Surtout quand avec un peu de chance, le sommet de la montagne Pelée se laisse entrapercevoir.
La visite se poursuit par la découverte de l'usine, et de ses outils de production. Pendant la période de fonctionnement, approximativement de mars à juin, il est possible de suivre ici tout le processus d'élaboration des rhums Depaz. Processus qui donne à peu près ceci :
1. A l'extérieur du hangar, un tas de canne à sucre attend d'être acheminé jusqu'au broyeur. Celui-ci va laver, tronçonner puis éclater la canne pour récupérer les fibres contenues sous l'écorce.
2. Quatre moulins prennent ensuite le relais pour presser ses fibres et en extraire le jus (vesou).
3. Le vesou est filtré puis entreposé dans d'immenses cuves de fermentation (12 cuves en inox de 30000 litres constamment surveillées et refroidies), dans lesquelles il patientera 48 heures, avant d'atteindre un taux d'alcool de 4,5°.
4. De là, le vesou fermenté passe dans les grandes colonnes à distiller de type créole, où la vapeur se charge de concentrer l'alcool jusqu'à un taux de 70°.
5. Le rhum ainsi obtenu est ensuite entreposé de différentes manières en fonction de sa destination. Pour la production de rhum blanc le stockage s'effectue dans de grandes cuves en inox, tandis que pour celle de rhum vieux, le rhum va séjourner longtemps dans des petits fûts de chêne.
Derrière l'usine, dans les chais de vieillissement, des tonneaux de 190 litres sont empilés les uns sur les autres afin que le rhum y poursuive sa maturation. Là, il se charge progressivement du tannin et des arômes émanant des parois intérieures en bois. Il gagne aussi en finesse en perdant de sa force. Pendant le vieillissement, une partie de l'alcool s'évapore (la part des Anges) et enveloppe d'une délicieuse odeur le bâtiment. A moins de tenter une mise sur orbite, il est recommandé d'éviter de fumer.
Un petit musée clôt la visite. Y est exposée une très belle collection de vieilles machines, toutes de cuivre et de laiton, utilisées auparavant à l'usine. Au milieu d'éléments de colonnes à distiller, trônent des serpentins, des plateaux de distillation, un régulateur de pression et une ancienne machine à vapeur.
L'histoire de l'Habitation Depaz
C'est ici, en 1651 que Jacques Duparquet (gouverneur de la Martinique) fonde une des premières Habitation de l'île, l'Habitation La Montagne. Comme toutes les exploitations de l'époque, elle produit d'abord de l'indigo et du tabac avant de se tourner vers la culture de la canne, et de se transformer en sucrerie. Rachetée au XIXème siècle par la famille Pécoul, elle se met à distiller et devient une des 15 rhumeries de la région qui font vers 1900 la prospérité de Saint-Pierre.
En mai 1902, l'habitation est entièrement rasée par l'éruption du Mont Pelé et il faudra toute la folie, tout le courage de Victor Depaz pour oser relever ses ruines, sous le cratère menaçant de la montagne.
Victor Depaz
Fils du géreur de l'Habitation Périnelle où il passa toute son enfance, Victor Depaz étudie, au moment de l'éruption, à l'école Saint-Genés de Bordeaux. C'est là qu'il apprend par télégramme la mort des 63 membres de sa famille. Ses études terminées, il décide de quitter la métropole et de revenir en Martinique. L'Habitation Périnelle n'étant plus qu'un vaste champs de ruine, comme l'ensemble de Saint-Pierre d'ailleurs, il entreprend de construire une nouvelle habitation sur les 500 hectares de terre qu'il rachète à la famille d'Aurigny. Le 8 mai 1917, soit exactement 15 ans après l'éruption, la distillerie est de nouveau en état de fonctionner. Pour parachever son oeuvre, Victor Depaz fait construire un vaste réseau servant à canaliser les eaux de la Roxelane pour produire de l'énergie, et fait édifier en 1920 le Château Depaz, exacte réplique de l'ancienne habitation Périnelle.
Distillerie Depaz
Plantation de la Montagne pelée, 97250 Saint-Pierre
Tel : 05 96 78 13 14
Horaires :
Du lundi au vendredi de 10h00 à 17h00. Le samedi de 09h00 à 16h00.
Tarifs :
Entrée gratuite.
Site Web :
Distillerie Depaz
Venir :
A la sortie nord de Saint-Pierre, dans le quartier du fort, prendre la D10 sur un peu moins de 2 km.